Le colonel comme vous ne l’avez jamais vu !
C‘est dans le chamboulement le plus complet que le trentième tome de la mythique série Blake et Mortimer nous parvient. Titre inattendu, novateur, qui marquerait presque un tournant dans leurs aventures : « Signé Olrik ». Le colonel du même nom, éternel antagoniste du duo de nos héros préférés, est cette fois-ci dans une posture inhabituelle : débraillé, en position inférieure, de déconfort total, et en prison dès le début de l’histoire.
Le duo Yves sente et André Juillard que la mort a séparé depuis peu, a réussi à tisser le pont idéal entre tradition et modernité. Fidèle à l’esprit initial d’Edgar P. Jacobs, aussi bien dans le dessin que dans le sens de l’intrigue, les deux compères de la machination voronov ont touché du doigt un sujet brûlant d’actualité : l’immigration incontrôlée.
Le cœur de l’intrigue se situe en Cornouailles, dans l’historique Sud Ouest d’Angleterre, où la population minière autochtone se sent envahie et remplacée par les peuples issus des anciennes colonies anglaises. Retour de bâton historique ou injustice identitaire, il n’empêche que les gens de la région se sont organisés pour fomenter des actions violentes. Sous fond de revendications identitaires fortes, le Free Cornwall Group – encadré par un druide – est à la quête du trésor du roi Arthur et de sa légendaire épée Excalibur.
So british, comme à l’accoutumée, le duo d’enquêteur marche à merveille : Blake en superviseur d’enquête, et le professeur Mortimer, inventeur de génie dont la création sera utilisée par Olrik et le prêtre complice.
Les nostalgiques y trouveront leur compte, les novices seront rassasiés. Du grand Juillard.