Paul Newman : La vie extraordinaire d’un homme ordinaire

by Mehdi Kenly
0 comments 4 minutes read

Le regard bleu le plus célèbre d’Hollywood n’a jamais été aussi transparent. Traduit de l’anglais par Serge Chauvin, l’autobiographie du célébrissime Paul Newman s’avère être un témoignage intime et bouleversant. À l’aide de son ami et collaborateur (le scénariste Stewart Stern), les deux protagonistes ont tenté – dès le milieu des années 80 – de rassembler tous les souvenirs personnels de l’acteur, de sa tendre enfance jusqu’à son oscarisation en 1986. Le texte qui nous est présenté est un enchevêtrement de ses confessions, faisant intervenir – à la manière d’un reportage télévisuel – les proches de l’acteur, professionnels et familiaux.

L’on peut découvrir au fil de l’ouvrage, une personne atypique et sensible, qui n’a jamais vraiment trouvé sa place, ni eu confiance en lui. Son père, autoritaire et exigent, est parti trop tôt pour constater une quelconque réussite de son fils : une carence qui a poursuivi Paul tout au long de sa vie et avec laquelle il dut composer. Il est enrôlé très jeune pendant la guerre, parmi les troupes du Pacifique, puis passe par l’Actor Studio et Yale pour améliorer son jeu : mais tout est difficile, peu instinctif. À la différence de ses confrères et homologues James Dean et Steve Mcqueen, son charisme et ses capacités oratoires ne sont pas naturelles, c’est par un travail acharné et une résilience peu commune qu’il réussi à créer une attente de la part des réalisateurs.

Après des débuts dans les films de genre comme Le Calice d’argent (1954) ou Marqué par la haine(1956), Robert Brooks l’engage pour interpréter au cinéma la pièce La Chatte sur un toit brûlant (1958) aux côtés d’Elizabeth Taylor. Ce ne fut pas seulement un succès au box-office mais une manière d’installer Paul dans le paysage cinématographique américain, d’asseoir un nom, une patte.

De là, débute une carrière régulière, entre télévision, théâtre et cinéma. Mais la mort de son fils Scott l’a traumatisé et créé chez lui une sensibilité nouvelle : il décide de créer le Scott Newman Center pour la prévention de la toxicomanie, mais aussi des causes humanitaires – notamment auprès des minorités de l’époque.

C’est avec son ami de longue date Aaron Hotchner, qu’il décide de créer la Newman Own’s Fondation : groupe de produits alimentaires allant de la vinaigrette jusqu’au pop-corn en passant par la limonade dont l’intégralité des bénéfices sera reversé à des œuvres caritatives. Cette quasi-ONG a réussi – de son vivant – à générer plus de six cent millions de dollars, élargissant ainsi son succès commercial à l’ensemble des États-Unis.

Ceci ne l’empêcha pas de poursuivre son chemin artistique, mais aussi d’en débuter un autre dans le monde de l’automobile : passion qu’il gardera et qu’il pratiquera jusqu’au bout et qui lui permit de se couper du monde hollywoodien, de repousser ses limites et de tutoyer le temps d’une course le royaume d’Hadès qui abrite son fils.

C’est en 2002 qu’il tire sa révérence filmique, abattu par Michael Sullivan (somptueusement interprété par Tom Hanks) dans l’excellent Les sentiers de la perdition, laissant derrière lui un véritable empire, une gueule, les souvenirs du début de siècle dernier, et une Amérique en deuil.

Nous vous invitons vivement à vous procurer > l’ouvrage < afin d’apprécier le travail d’orfèvre des Éditions de la Table Ronde.

Mehdi Kenly

Auteur/autrice

You may also like

Leave a Comment