Chronique sur Giulio Cesare, mis en scène par Laurent pelly

by Mehdi Kenly
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Le mythique Opéra Garnier, toujours à la hauteur de sa réputation historique, nous propose pour la seconde fois Giulio Cesare mis en scène par Laurent Pelly, mais revisité. Une nouvelle distribution des rôles et des voix.

La scénographie est magistrale et plante le décor de la république romaine : se mêlent statues antiques et tableaux de maîtres à la perfection, tout en ayant en fond un entrepôt, montrant ainsi les coulisses du spectacle mais aussi – moins faste – l’ « arrière-boutique » de la cour royale. Cela permet aux spectateurs d’avoir une double vision, une vue d’ensemble. Et ce, même si durant les trois actes, on reste subjugué par le dynamisme des cantatrices, la maestria avec laquelle les comédiens se hâtent sur scène : entre maîtrise de la voix, du texte et des tours de passe-passe continuels entre les actes ne nous faisant ainsi pas voir les quatre heures de spectacles passer.

L’on peut tout de même constater – dans la déplaisante trajectoire de notre époque – une disparition totale du masculin sous toutes ses formes. Les acteurs sont tous des femmes, des castrats, ou des femmes jouant le rôle d’homme. Même si Handel lui-même avait prévu ce type d’assignation (notamment pour le rôle de Jules César), on a l’impression que le raz de marrée féministe n’a pas épargné les réécritures de pièces qui ont plusieurs siècles. Il n’y a guère qu’Achille, interprété par le baryton Lucas Pisaroni, qui apporte un peu de testostérone au spectacle mais – comme l’exige désormais la représentativité du mâle d’aujourd’hui – semble simplet, gauche voire « harceleur » avec les femmes. En d’autres termes un lourdaud que l’on doit éjecter gentiment, rabaissant ainsi le rôle essentiel d’Achille à un simple centurion. La tenue osée de Cléopâtre s’inscrit aussi dans cette démarche.

Il n’empêche que le tout est rehaussé d’un humour et d’un décalage permanent, qui happe le spectateur novice et curieux de découvrir le répertoire lyrique. L’on se laisse entraîner par l’excellent Lestyn Davis dans le rôle de Toloméo, qui – par sa grande vitalité – emporte la troupe et les spectateurs par la même occasion. À voir et à revoir sans modération.

Mehdi Kenly

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