Chronique sur Tragédie Française de Franz-Olivier Giesbert
Après Le Sursaut et La Belle Epoque, le « journaliste-écrivain » Franz-Olivier Giesbert nous livre le troisième Tome de sa trilogie républicaine : Tragédie Française.
Il décide de retracer la vie presque entière de la Vème république, à travers son regard privilégié de rédacteur en chef de grands quotidiens. D’une pierre deux coups marketing, une façon pour l’auteur de nous proposer à la fois une nécropsie du coq français, et une autobiographie en filigrane.
Sur le dos d’une petite souris scribale, nous voilà plongés dans les coulisses du pouvoir. L’ouvrage retrace sans acrimonie les quarante dernières années de politique française, de Mitterrand à Macron. Sa description commence dès les années quatre-vingt : mine d’informations d’autant plus riche pour les jeunes générations qui n’en ont qu’une image floue, parfois idéalisée. La précision de ses anecdotes avec l’ancien médaillé de la Francisque nous éclaire sur le personnage : sombre, cynique, calculateur, caméléon aux mille visages ; mais aussi sur le nombre de morts suspectes sous sa présidence. Il met en lumière son rapport aux autres mais surtout les deux points essentiels qui ont menés lentement le pays vers les abysses : l’économie et l’immigration.
En effet, la déliquescence française décrite par FOG aurait débuté dès le premier quinquennat de François Mitterrand. Et nombreux sont ceux qui partagent ce diagnostic. Les vannes de l’immigration ont été ouvertes avec toute sa négation médiatique du réel. C’est le début de SOS Racisme et de sa culture de l’excuse, de Skyrock et de l’apparition de la culture urbaine promue par Jack Lang dont le féroce portrait nous fait esquisser un premier sourire.
Il ne s’agit pas pour autant d’éluder le positif, et la trace qu’il a voulu laisser dans l’histoire contemporaine comme l’ISF, l’abolition de la peine de mort ou encore la Pyramide du Louvre.
Presque dans une continuité encore plus intimiste que « l’homme qui ne s’aimait pas », l’auteur brosse le portrait d’un Chirac qui hérite d’une flamme gaulliste déjà chancelante, avec une France des années 90 aux nouvelles données, et qui – malgré un charisme fou – laisse très tôt apparaître ses failles, ses questionnements et, aussi invraisemblable que ça puisse paraître, son désamour.
Ce sera le dernier président « à l’ancienne », classique, « vieille France », aux anciens codes. C’est le parvenu Nicolas Sarkozy qui chamboule tout. Jamais vraiment validé par l’intelligentsia parisienne, il impose sa vulgarité à l’ensemble du pays en nous promettant un karcher imaginaire et en laissant – à l’inverse de son prédécesseur – une image grotesque à l’international.
Le récit est saupoudré de clins d’œil culturels, musicaux, poétiques pour mieux nous immerger dans les périodes décrites et alléger la lourdeur et le sérieux inhérent de la politique.
Les plus conservateurs d’entre nous apprécieront la critique sous-jacente pendant la totalité du livre de la mentalité des élites françaises et de la plèbe mimétique ancrée à l’extrême gauche sur tous les aspects de la vie.
Tellement bien ancrée que de l’ancienne U.R.S.S à Cuba en passant par le Venezuela de Chavez, tous ces régimes ont été encensé malgré les dégâts qu’ils ont causé et la violence dont ils ont été capable. Le fait d’être étiqueté dans le camp du bien, vous permettra d’être absous de tous les crimes, de toutes les trahisons, de tous les retournements.
Néanmoins, malgré le regard noir posé sur une conjoncture alarmante, FOG garde espoir et rappelle que la France s’est toujours relevée de situations bien pire que celles que nous traversons. Cet ouvrage se refuse donc, malgré sa lucidité, d’être décliniste : habile pied de nez aux fascistes du progrès qui pointeraient du doigt toute nostalgie légitime.
La tâche est immense, mais pas irréalisable.
Mehdi Kenly
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