Sonny Boy, Al Pacino

by Mehdi Kenly
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 Monte sur mes genoux, Sonny boy ! avec tes trois ans/Tu ne le sais pas et tu ne peux pas savoir/Ce que tu représentes pour moi, Sonny boy/Tu es un cadeau du ciel… »

sont les mots qu’entonnait la mère d’Al Pacino dès sa prime enfance, et qui l’ont marqué à vie. Aujourd’hui, 85 ans plus tard, c’est le titre de ses mémoires. Alfredo James Pacino n’a jamais oublié. Il remonte le fil de son existence comme celui d’une pelote de laine, peu à peu et non sans difficultés. Mais il ne le fait pas avec la flamboyance insolente de sa carrière, mais avec humilité et introspection, nous éclairant ainsi sur les coulisses du cinéma du XXème siècle.

Il s’adresse à cet enfant de 16 ans qu’il fut, estomaqué de voir le chemin parcouru, les défis remportés un à un, malgré les embûches, malgré l’enfance chaotique, malgré le tohu-bohu familial. C’est le théâtre, bien avant le cinéma, qui lui a permis d’entrevoir une réussite potentielle. La mouette de Tchekhov l’a transpercé, et poussé à se voir comme comédien, plutôt qu’enchaîner les boulots précaires comme la plupart de ses connaissances. Jerry Schatzberg lui a donné sa première chance au cinéma avec Panique à Needle Parc, mais c’est Francis Ford Coppola qui a changé le cours de son existence : à peine connu et peu expérimenté, Francis a choisi Alfredo pour sa fresque sur la communauté italo-américaine : Le Parrain. Cet accouchement artistique s’est fait dans la douleur mais a aussi permis à un large public d’apprécier ce qui est sans doute un des indiscutables classiques du cinéma moderne.

Avec une prose libre, peu orthodoxe, et liée à ses émotions comme le comédien qu’il est, Al Pacino nous révèle les coulisses ; celles des tournages, et de ses propres tourments. La drogue, l’alcool, sa difficulté avec le succès planétaire du parrain, son manque d’éducation financière, et un certain complexe en tant que descendant d’immigré qui regardait les réalisateurs comme des puits de savoir dont il fallait s’abreuver. Grâce à des photos publiées entre les mots, il rend non sans humour un hommage à ses collègues de travail, mais aussi aux femmes de sa vie, auxquelles il n’aurait pu avoir accès sans cette mirifique carrière et qui ont été des guides, sociaux et sentimentaux ; Marthe Keller et Diane Keaton semblent être les plus marquantes. La charge émotionnelle est là, le cœur y est mis dans son entièreté, sans jamais tombé dans le pathos, ni dans le règlement de compte. Al pacino n’est pas un dissident ou une grande gueule semeuse de discorde, il garde ses énergies négatives pour enrichir ses rôles, c’est tout. L’on peut sentir au fil des pages que rien n’a jamais vraiment été calculé, qu’il y a une grande part de chance en plus du travail inévitable. L’auteur lui-même, à l’aune de sa vie, semble toujours ébahi de ses rencontres, de ses opportunités, des rencontres qu’il a pu faire, mais surtout du colossal impact qu’il a eu sur toutes les générations, et à quel point il fut un repère culturel, masculin, de réussite auquel tout un chacun pouvait s’identifier.

Les éditions du seuil publie cet ouvrage que nous vous invitons à > vous procurer < , à lire et à partager, afin de nourrir vos discussions et raviver nos souvenirs commun, car Al Pacino EST la culture populaire.

Mehdi Kenly

Auteur/autrice

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